MONOD  NEWS 

Le journal des élèves du Lycée Jacques Monod (45) 

RDV dans la rubrique   podcasts !

L'actu des lycéens

La visite du Mémorial de la Shoah à Paris et la rencontre d’un témoin

05/02/2025

La visite du Mémorial de la Shoah à Paris et la rencontre d’un témoin

Le 27 janvier prochain ont été célébrés les 80 ans de la libération du centre de mise à mort d’Auschwitz par l’armée Rouge (27/01/1945). Dans ce contexte la visite du Mémorial de la Shoah à Paris (par des classes de Terminale générale et HGGSP) semble s’imposer plus que jamais comme une clef de compréhension du monde contemporain. Mieux encore, un témoignage, celui d’une enfant cachée, Mme Charlotte Barillet, donne à la Seconde Guerre Mondiale un caractère profondément vif – et une dimension humaine nécessaire pour saisir pleinement l’essence de cette période troublée.

 

Photo : Le Mur des Justes, à l'entrée du Mémorial de la Shoah©Thibault S.

Le témoignage de Mme Barillet, enfant cachée durant la Seconde Guerre Mondiale


Née en 1933 à Paris, Charlotte Barillet est la fille aînée d’un couple juif polonais, Rifka et David Storch. Ils n’étaient pas Juifs pratiquants, mais seulement de culture juive
En 1940, la défaite de la France contre l’Allemagne est mal acceptée, « ils pensaient que c’était à cause des étrangers » fait remarquer Charlotte Barillet. Reste que la France choisit de collaborer avec l’Allemagne ; c’est lors de la première rafle, dite du billet vert que le père de Charlotte Barillet est arrêté et envoyé au camp de transit de Beaune-la-Rolande, en mai 1941. Le 3 juillet 1942, il est envoyé en train au camp d’extermination d’Auschwitz, où il décède probablement le 4 décembre suivant, selon les recherches de Mme Barillet.


Pendant la guerre et la mise en place de lois de plus en plus antisémites en France, une question se pose : comment les victimes juives ont vécu cette restriction progressive de leurs libertés. Mme Barillet explique que c’était « une vie difficile mais elle n’était pas traumatisante ». Quoique forcée de porter l’étoile jaune pendant un mois et demi, sa famille n’a pas rencontré l’hostilité de toute la société.
Comme le souligne Mme Barillet, la survie de sa famille dans les évènements suivant l’été 1942 relève du miracle. Sa mère ayant été informée par un gendarme de l’approche d’une nouvelle rafle – la célèbre rafle du Vel d’Hiv – la famille doit se cacher. Après plusieurs installations brèves, dans des familles d’accueil, Charlotte Barillet et sa sœur s’installent chez une famille ouvrière de banlieue parisienne. Elle a alors accueilli les deux sœurs avec courage jusqu’à la Libération, en dissimulant leur identité. L’action de bravoure de la famille Magnier leur a valu, à titre posthume, la médaille des Justes en 2008, remise à leurs descendants en présence de Mme Barillet.


Charlotte Barillet a aussi mis en évidence la difficulté de reconstruire la vie après la guerre. Il a fallu quitter sa famille d’adoption, et retrouver sa mère, cachée dans une autre famille. Le travail plus tardif de Mme Barillet a aussi été de rechercher les traces de son père pour connaître sa date de décès exacte, dans l’objectif de rétablir la vérité, tant d’un point de vue administratif que personnel.


Visite du Mémorial de la Shoah à Paris et de ses lieux de mémoire


Construit en 1953, le Mémorial du martyr juif inconnu est le premier monument de ce genre dans le monde. Il tient à rendre hommage à tous les Juifs de France, qui y habitaient durant la Seconde Guerre Mondiale – indépendamment, donc, des nationalités. Le Mémorial évoque à la fois les Juifs déportés et assassinés, mais aussi ceux qui sont revenus ; cependant, l’accent est mis sur les victimes directes, représentées par le chiffre 6, omniprésent. Six millions, c’est en effet le nombre estimé de morts pendant la Shoah. C’est un symbole marquant, tout comme les différents lieux de mémoire que renferme le Mémorial.


A l’entrée du Mémorial se trouve  le Mur des Justes, inauguré en 2006, qui rend hommage aux près de 4000 Justes que compte la France – les citoyens ordinaires qui ont mis leur vie en péril pour protéger ou cacher des Juifs, durant la Seconde Guerre Mondiale. Dans la cour du Mémorial, le Mur des noms évoque ceux qui n’ont pas échappé à la déportation. Cette liste de 76000 noms gravés dans trois murs en pierre de Jérusalem est celle des hommes, femmes et enfants qui ont été arrêtés sur le territoire français, entre 1942 et 1944, avant d’être déportés aux camps d’Auschwitz, Sobibor et Majdanek.

 

Le Mur des Justes, à l’entrée du Mémorial©Thibault S.


Parmi les endroits marquants du Mémorial, on trouve aussi la crypte, qui se révèle être le principal lieu de recueillement de la Shoah. Le tombeau du martyr juif inconnu est au centre de cette pièce sombre, seulement éclairée par la flamme du tombeau. Il est organisé à la manière de la tombe du soldat inconnu.

 

 Le Tombeau du Martyr juif inconnu, au centre de la crypte du Mémorial.©Thibault S.


Le musée et le centre de documentation de la Shoah
Depuis vingt ans, le Mémorial de la Shoah est aussi un musée centré sur l’histoire des idéologies antisémites et du génocide en France et dans le monde. Les expositions permanentes montrent à l’aide de nombreux supports (documents originaux, cartes, textes explicatifs…) la réalité de l’antisémitisme et, surtout, le fonctionnement des camps de concentration.


A l’heure des tous derniers témoins de la Seconde Guerre Mondiale en France, le rôle de Charlotte Barillet s’avère crucial pour transmettre aux générations futures la mémoire de la Shoah. Le travail de mémoire nécessite de se poursuivre dans le temps, et doit rester en tête de tous les acteurs de la société contemporaine pour tirer les leçons du passé que nous enseignent ces témoins.

 

Thibault S.

7 rue Léon Blum - 45800 Saint Jean de Braye

 02 36 86 11 30