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Le traitement des femmes politiques dans les médias : une démarche encore empreinte d'inégalités

10/03/2023

Le traitement des femmes politiques dans les médias : une démarche encore empreinte d'inégalités

D'Arlette Laguiller, première femme candidate à l'élection présidentielle en 1974, à Ségolène Royal et  Marine Le Pen, deux femmes ayant atteint le second tour de cette même élection, le traitement des femmes politiques dans les médias s'est organisé en un spectacle qui semble plus avoir sa place dans les magazines people que dans des pages du Monde Diplomatique. Cela révèle l'existence d'un biais sexiste dans cet inégal traitement médiatique. 

 

Dessin©Phybie S. : La mise en lumière des femmes politiques dans les médias

Le 19 janvier 2023, Marine Tondelier, secrétaire générale du parti Europe Écologie les Verts, a été coupée près de 60 fois durant les 15 minutes d'interview de Sonia Mabrouk sur Europe 1 - soit une fois toutes les 15 secondes en moyenne. Cet empêchement de la parole des femmes politiques n'est pas nouveau dans l'espace médiatique français. Par exemple, Arlette Laguiller, candidate d’extrême gauche à l’élection présidentielle de 1995 subit 15 minutes de questions sur sa vie personnelle, dans l’émission l’Heure de vérité présentée sur Antenne 2 - alors même que le programme se présentait comme une émission politique. Celle-ci est interrogée par une femme sur sa vie de famille, sa religion, son célibat, le fait qu’elle n'ait pas d'enfants ou ne se maquille pas : elle est comparée à une bonne sœur. Le traitement des femmes politiques dans les médias est donc très réducteur, seule leur vie privée semble compter tandis que chez les hommes cela n’est quasiment pas abordé. À titre de comparaison dans cette même émission, Nicolas Sarkozy n’est  questionné que sur ses idées et propositions en tant que politicien. 


On peut aussi noter la propension qu’ont les journalistes à nommer les femmes politiques par leur prénom : ce fut le cas pour Arlette Laguiller ou Ségolène Royal, première femme candidate d’un parti majeur (le PS) à l’élection présidentielle, que l’on surnommait même “Ségo”. À l’inverse, l’utilisation du prénom permet à Marine Le Pen, candidate ayant atteint à deux reprises le second tour de la présidentielle, de s’éloigner de sa vie de famille, notamment de l’image de son père.
Cette utilisation de son prénom s’inscrit pour Marine Le Pen dans une stratégie de communication bien rodée, cherchant à écarter tous sujets concernant sa vie privée. Depuis son entrée en politique, elle est très mesurée quant à l'exposition médiatique de sa famille et particulièrement de ses enfants : elle ne fait pas usage de l'image pourtant toute prête de la "mère de famille" et se détache du modèle de la mère au foyer. Elle s'éloigne de la surexposition médiatique qu'elle a pu subir plus jeune. Le fait qu'elle soit moins sujette à des attaques sexistes s'explique aussi par sa position et ses idées : elle est depuis longtemps la figure du Rassemblement National, et incarne une place de premier plan sur la scène politique actuelle, et ce depuis une décennie, là où Arlette Laguiller pouvait être moins prise au sérieux, du fait de ses idées ou de son faible score aux élections présidentielles.


Cependant, le traitement médiatique des femmes politiques évolue, particulièrement sur internet, et certaines émissions politiques réalisées par de nouvelles générations - et diffusées sur Twitch ou YouTube, comme Backseat - mettent  beaucoup plus  en avant les femmes politiques, qui sont traitées de la même façon que les hommes.

 

Phybie S., Lena C., Sarah G., Lucas A.

Article écrit dans le cadre de l'EMC et d'un projet d'éducation aux médias 

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